Salle Philharmonique

© Luc De Vos

Fondé en 1826, le Conservatoire Royal de Liège prend possession de ses nouveaux locaux en 1887. Le bâtiment comporte une salle de concert de 1162 places, une trentaine de classes, des locaux administratifs, une bibliothèque, une conciergerie, une école communale pour jeunes garçons, ainsi qu’un hôtel particulier pour le directeur. Le bâtiment est l’un des premiers édifices publics en Belgique à disposer d’un éclairage électrique, constitué de 29 lampes à arc habillées de globes blancs ; l’électricité est produite au sous-sol par deux grandes dynamos entraînées par des moteurs à gaz. Entièrement restaurée en 1998-2000, la grande salle est maintenant gérée par l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Le Conservatoire y conserve cependant un accès privilégié mais limité, ce qui explique sa nouvelle dénomination, « Salle Philharmonique ».
En 1888, Pierre Schyven (Bruxelles) construit un orgue à traction mécanique avec machine Barker, pour l’Exposition de Bruxelles (46 jeux, III-P). L’instrument est conçu de manière à pouvoir, le cas échéant, être installé dans la grande salle du Conservatoire de Liège. Conçu pour une exposition d’industrie, l’orgue est dépourvu de buffet et offre à la vue tout le détail de ses mécanismes. Il utilise largement le système de jeux à dédoublement inventé par Schyven, procédé par lequel certains tuyaux servent à plusieurs jeux. En 1889, Pierre Schyven obtient gain de cause : l’orgue est racheté par le Conservatoire de Liège. L’instrument est inauguré le 1er mars 1890 par Charles-Marie Widor, titulaire du grand orgue de Saint-Sulpice à Paris, Alphonse Mailly, professeur d’orgue au Conservatoire de Bruxelles, et Charles Danneels, professeur d’orgue au Conservatoire de Liège. En 1900, l’instrument est enfin muni d’un buffet, dessiné par l’architecte liégeois Charles Soubre sur le modèle d’un arc de triomphe, flanqué de deux escaliers monumentaux.
Vandalisé durant la Première Guerre mondiale par l’occupant allemand (certains résonateurs de Trompette servent à verser de la soupe dans les gamelles de soldats !), l’instrument nécessite des travaux importants. Sur le conseil de Marco Enrico Bossi,  ceux-ci sont confiés à Francesco Vegezzi-Bossi (Centallo, Italie) qui pneumatise la traction, construit une nouvelle console et élargit la composition (55 jeux, III-P). L’inauguration a lieu le 14 février 1925 par Ulysse Matthey, quelques jours seulement après le décès inopiné de Marco Enrico Bossi, sur le paquebot qui le ramenait des États-Unis. Dès 1938, la traction pneumatique semble avoir montré ses limites, car l’instrument est électrifié par Maurice Delmotte (Tournai) et porté à 58 jeux. En 1952, l’arrivée de Jeanne Demessieux comme professeur d’orgue au Conservatoire de Liège entraîne une nouvelle campagne de travaux par Georges Delmotte (Tournai) : remplacement des tuyaux de façade postiches en bois par des tuyaux en zinc, ajout de nouveaux jeux et suppression de certains dédoublements (62 jeux, III-P). L’orgue est inauguré le 6 mars 1956. Les quatre décennies qui suivront marqueront son déclin.
De 2002 à 2005, l’instrument est restauré par la Manufacture d’Orgues Thomas et la Manufacture d’Orgues Luxembourgeoise (dir. Georg Westenfelder) d’après un projet de Jean Ferrard établi en concertation avec un comité d’accompagnement constitué de Stéphane Detournay, Anne Froidebise, Philippe Lefebvre et Éric Mairlot. Les travaux prévoient la réutilisation de tous les tuyaux conservés de Schyven, le retour à la composition d’origine de Schyven augmentée de 9 jeux destinés à renforcer le grave et l’aigu, l’abandon de tous les apports postérieurs mais aussi du système à dédoublement de Schyven (qui rendait l’accord très aléatoire), le renouvellement des tuyaux de façade, la construction de nouveaux sommiers diatoniques, de nouvelles boîtes expressives, de nouveaux soufflets, le placement d’un combinateur électronique de 4000 combinaisons et la construction d’une nouvelle console mobile à traction électrique, suivant la demande expresse de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Aujourd’hui, l’orgue (55 jeux, III-P) comporte 3 676 tuyaux (dont 2081 de Schyven, soit près de 57%). Il a été inauguré lors d’un festival organisé du 26 septembre au 2 octobre 2005, avec le concours des organistes Thomas Deserranno, Stéphane Detournay, Thierry Escaich, Jean Ferrard, Anne Froidebise, Philippe Lefebvre, Éric Mairlot, Benoît Mernier, et de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège dirigé par Louis Langrée.


Les Jeux

I Grand-Orgue (do1-do6)
Montre 16 (32)
Bourdon 16 (56)
Gambe 16
Montre 8 (32)
Gambe 8 (56)
Flûte harmonique 8 (56)
Bourdon 8 (44)
Prestant 4 (32)
Flûte [octaviante] 4 (32)
Quinte 2 2/3
Doublette 2
Fourniture V (264)
Cornet V (do3) (160)
Bombarde 16 (61)
Trompette 8
Clairon 4

II Positif expressif (do1-do6)
Principal 8 (56)
Flûte 8 (56)
Salicional 8 (38)
Gemshorn 8 (56)
Prestant 4 (32)
Flûte [octaviante] 4 (32)
Dolciana 4
Quinte 3 (56)
Doublette 2 (56)
Tierce 1 3/5
Piccolo 1
Trompette 8 (56)
Clarinette 8
Cor anglais 8 (56)

III Récit expressif (do1-do6)
Bourdon 16 (56)
Unda Maris 16 (do2)
Flûte harmonique 8 (56)
Dolciana 8 (56)
Bourdon 8 (32)
Voix céleste 8 (do2) (44)
Flûte [octaviante] 4 (32)
Doublette 2
Fourniture IV (198)
Cornet V (do3)
Bombarde 16
Trompette harmonique (56)
Hautbois-Basson 8 (56)
Voix humaine 8
Clairon 4

Pédale (do1-sol3)
Contrebasse 32 (ext.)
Soubasse 16 (30)
Contrebasse 16 (24)
Quinte 10 2/3 (30)
Flûte 8 (30)
Flûte 4 (30)
Bombarde 32 (ext.)
Bombarde 16 (32)
Trompette 8
Clairon 4

Accessoires
P+I
P+II
P+III
P+I 4
P+II 4
P+III 4
I+II
I+III
II+III
I+II 4
II+II 4
I+III 16
Trémolo I (ajustable)
Trémolo II (ajustable)
Trémolo III (ajustable)

Les jeux soulignés ont été ajoutés à la composition originale.
Les chiffres entre ( ) indiquent le nombre de tuyaux de Schyven.

Traction des notes > électrique
Traction des jeux > électrique
Diapason > 440 Hz
Tempérament > égal
Soufflets > 4 réservoirs à 1 pli (dont 1 pour les 32 pieds de Pédale)